Bitcoin n’est pas inutile - Chapitre 2 : Les utilisations de Bitcoin dans le monde

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Démystification

Bitcoin n’est pas inutile - Chapitre 2 : Les utilisations de Bitcoin dans le monde

Dans un esprit d’argumentation, j'aurais pu mettre un point final à cette série au chapitre précédent. En effet, ce poncif de l’inutilité du Bitcoin est intrinsèquement fallacieux. Il émane d’un raisonnement illogique puisque l’estimation de l’utilité et de la valeur d’un objet ne peut être que subjective. Les personnes qui affirment ce mythe font ce que l’on appelle une généralisation invalide.

Toutefois, si l’utilité ne peut pas être estimée à l’échelle individuelle, l’utilisation, elle, peut bien être observée. Or, chaque utilisation prouve que l’individu faisant l’usage de cet objet lui a trouvé une forme d’utilité. Ainsi, dans cette partie, je souhaite mettre en évidence certaines des utilisations de Bitcoin à une échelle collective. Pour chaque exemple, je tente d’identifier quelles caractéristiques du système de paiement pair-à-pair ont permis aux individus concernés d’y identifier une forme d’utilité marginale.

Bitcoin et réduction des frais liés aux transactions

Pour commencer, il est évidemment impossible de ne pas évoquer le cas du Salvador, où le bitcoin est monnaie légale depuis 2022. Dans ce pays, une très large partie du produit intérieur brut provient des virements internationaux des expatriés vers leurs familles. « Las remesas », comme ils les nomment, représentaient 26,1 % du PIB salvadorien en 2021. 

Auparavant, les expatriés utilisaient les services de transferts internationaux comme Western Union afin d’envoyer cet argent. Ils devaient s’acquitter de frais de services très importants pour ces transactions. L’utilisation de Bitcoin comme monnaie d’échange internationale permet aux Salvadoriens de réduire fortement les frais liés à ces virements. Selon Nayib Bukele, le président du pays, ses concitoyens économiseront chaque année 400 millions de dollars américains uniquement grâce à l’utilisation de Bitcoin.

De manière plus générale, en occident, les paiements électroniques nous semblent souvent gratuits. Pourtant, l’industrie du paiement est un des secteurs les plus lucratifs au monde. Elle est constamment disputée entre les acteurs traditionnels, les banques, les FinTechs ou encore les géants du numérique. En effet, lorsque vous réalisez un paiement avec votre carte bancaire, il existe jusqu’à 12 acteurs différents qui participent à l’acheminement de votre paiement. Chacun ponctionne une partie de la somme envoyée. Ces frais sont souvent payés par le commerçant, et celui-ci reporte cette charge sur le prix du produit. C’est donc bien le consommateur qui, finalement, paye tous les frais liés aux paiements électroniques.

Avec Bitcoin, le modèle de frais est complètement différent. C’est le payeur qui doit s’acquitter des frais de transaction. Ceux-ci ne sont pas fixes, mais peuvent arbitrairement être choisis par l’utilisateur. C’est un marché d'enchères qui vient déterminer quelles transactions passent en priorité. Puisqu’il n’y a pas d’acteur central sur Bitcoin, les frais de transactions sont généralement bien moins élevés que pour un paiement traditionnel. Depuis l’invention du Lightning Network, cette différence de frais est d’autant plus marquée. 

Le Lightning Network est un système de paiement bâti en surcouche, au-dessus du système Bitcoin de base, qui permet à chacun de réaliser des micropaiements en bitcoins sur internet avec des frais dérisoires.

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Le bitcoin, un substitut aux monnaies étatiques

Dans le chapitre précédent, nous avions évoqué la notion de substitut dans l’estimation de l’utilité d’un objet. Le bitcoin représente évidemment un excellent substitut aux devises étatiques. Lorsque celles-ci ne jouent plus leur rôle de monnaie, les individus préfèrent parfois utiliser le bitcoin. Les qualités de son système deviennent alors évidentes.

Par exemple, Bitcoin peut être utile pour échapper à un contrôle des capitaux. Lorsque la monnaie étatique devient un instrument politique, il permet à chaque individu, indépendamment de tout jugement moral, de pouvoir sauver son épargne. Grâce à ses caractéristiques uniques, Bitcoin permet à chacun de faire respecter son droit fondamental à la propriété privée. Par exemple, de nombreux Libanais ont pu échapper aux restrictions imposées sur la circulation des capitaux suite au naufrage de leur système financier. 

Le contrôle des capitaux est un ensemble de mesures prises par un gouvernement pour restreindre les mouvements d’argent. Ce processus se réalise par l'imposition de limites sur les transferts de fonds, les retraits aux distributeurs d’espèces, les changes en devises étrangères ou encore les achats d’actifs financiers. L’objectif de ce type de mesures est souvent d’éviter une faillite du secteur bancaire.

En tant qu’Européen, cet exemple peut nous paraître lointain. Personne n’imaginerait que cela puisse arriver chez nous. Pourtant, en 2015, la Grèce a mis en place un contrôle des capitaux. Cela a privé des millions de petits épargnants de la propriété de leur monnaie, en dérogeant, au passage, à l’Article 17 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. L’utilisation de Bitcoin aurait pu permettre à chaque individu d’échapper à ces mesures liberticides.

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Le bitcoin, un actif refuge

Même si le bitcoin reste encore aujourd’hui volatil à court terme, sa rareté en fait un excellent actif refuge pour préserver son épargne sur le long terme, notamment lorsque les monnaies étatiques perdent en valeur. 

Au Liban, en plus de son incensurabilité et de son insaisissabilité, le bitcoin a également été plébiscité pour sa capacité à protéger l’épargne lorsque la livre libanaise a perdu 95 % de sa valeur en deux ans face au Dollar américain. Cette utilisation du bitcoin afin de préserver son épargne a pu être observée dans de nombreux autres pays où la monnaie étatique ne joue plus son rôle. On peut le constater au Venezuela, en Argentine, en Turquie, au Zimbabwe, au Vietnam ou encore en Indonésie… 

Aujourd’hui, la majorité des individus dans le monde vivent dans des pays qui disposent d’une monnaie fragile et instable. Le bitcoin leur permet d’accéder librement à une monnaie qui conserve bien mieux sa valeur que leurs monnaies étatiques.

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Bitcoin, un outil de liberté

De façon plus générale, Bitcoin est un outil très plébiscité par les populations vivant sous un régime autoritaire. En Afghanistan, certaines femmes travaillant pour des entreprises étrangères dans le secteur du numérique utilisent Bitcoin pour contourner les entraves imposées par les Talibans, leur permettant ainsi de continuer d'exercer leur profession et de recevoir la rémunération associée.

Bitcoin est également utile pour les individus victimes de blocages de comptes bancaires. Par exemple, il est utilisé par certaines femmes iraniennes depuis que le gouvernement théocratique a annoncé vouloir geler les comptes bancaires des femmes ne portant pas le voile dans ce pays. Par ailleurs, Bitcoin a aussi été massivement utilisé par les manifestants du convoi de la liberté au Canada, eux aussi victimes de blocages bancaires.

Bitcoin, un moyen de financement pour les associations caritatives

Puisque c’est avant tout un système de cash électronique, Bitcoin est évidemment utilisé dans de nombreuses associations caritatives pour recevoir des dons. 

Pour vous donner un seul exemple, l’UNICEF a lancé en 2019 l’initiative « CryptoFund », une opération pour que l’association reçoive et utilise des dons en bitcoins. Dans leur article d’annonce de cet évènement, ils évoquent les caractéristiques uniques de Bitcoin leur permettant de fournir plus de transparence à leurs donateurs, tout en optimisant les flux financiers vers les bénéficiaires.

Puisque c’est un système ouvert, Bitcoin permet également le financement de campagnes caritatives plus modestes. Par exemple, le projet Kivéclair, mené par le média Chainglob, vient en aide aux personnes défavorisées au Congo. Ils ont notamment pu aider des sinistrés suite à une éruption volcanique grâce à une campagne de donation menée avec le Lightning Network.

Bitcoin, une solution pour stabiliser la chaîne de valeur de l’électricité

Le minage de Bitcoin permet de valoriser les énergies fatales. Ce sont les énergies qui, si elles ne sont pas utilisées immédiatement, se dissipent et sont perdues. Ainsi, le minage peut être utilisé pour rentabiliser les sites de production d’énergie en attendant le déploiement du réseau de distribution. Il peut également servir de client ultime pour les centrales de production afin de rentabiliser les excédents. 

Cette utilisation du Bitcoin est notamment très développée au Texas. Auparavant, la population subissait souvent des délestages durant les jours les plus chauds et les plus froids. Grâce à Bitcoin, les producteurs d’électricité ont pu augmenter leurs capacités de production afin de faire face à ces fortes hausses de la demande, tout en rentabilisant les installations sur les jours les plus creux avec le minage.

Par ailleurs, dans les zones les plus reculées du monde, où les populations n’ont pas forcément accès à l’électricité, le minage de Bitcoin représente une incitation pour les producteurs d’énergie. Ils peuvent implanter des petites centrales pour ces villages, tout en rentabilisant les excédents de production non consommés via le mining. 

Par exemple, cette utilisation a pu être observée au parc national des Virunga en République Démocratique du Congo. Le directeur de ce parc national, le plus ancien d’Afrique, utilise le minage pour monétiser les abondantes ressources naturelles présentes sur place. Le dispositif a permis de rentabiliser les trois centrales hydroélectriques implantées. Non seulement cela permet d’alimenter en électricité les villes voisines, mais l’argent récolté a également assuré la préservation de ce parc naturel. Il a notamment permis d’agir pour protéger 44 espèces menacées, comme le gorille des montagnes, ou pour faciliter l’accès à l’eau potable pour plus de 90 000 personnes dans cette région.

Pour les populations les plus défavorisées, le minage de Bitcoin peut être une incroyable opportunité.

Bitcoin, une aubaine pour l’écologie

À première vue, Bitcoin semble être une catastrophe pour l’environnement. Le mécanisme de la preuve de travail utilisé sur son protocole nécessite une certaine consommation d’électricité. Pourtant, lorsque l’on étudie ce sujet de l'écologie et de Bitcoin plus en profondeur, on s'aperçoit qu’il pourrait être une vraie solution de rupture pour endiguer le réchauffement climatique. 

Il existe de nombreuses raisons à cela. Tout d’abord, le minage est un excellent outil de financement et un moyen de rentabilisation pour les producteurs d’ENR. Il incite à la transition vers des énergies plus propres par un processus spontané du marché. Par ailleurs, l’utilisation du bitcoin comme monnaie par la population pourrait naturellement endiguer les phénomènes de surconsommation. 

Si le sujet de l’écologie et de Bitcoin vous intéresse, je vous conseille de lire notre article de démystification sur ce thème. Vous y retrouverez tous les principaux arguments invalidant cette idée reçue, au sein d’un texte développé et documenté.

➤ Pourquoi Bitcoin n’est pas une catastrophe écologique ?

Bitcoin, un outil indispensable pour les lanceurs d’alerte

Évidemment, Bitcoin est un outil essentiel pour les lanceurs d’alerte. Il leur permet d’être financés et de continuer à pouvoir vivre malgré les pressions étatiques dont ils peuvent faire l’objet. Parfois, le bitcoin joue même un rôle central au sein de leurs opérations.

Par exemple, Bitcoin a été utilisé par Edward Snowden lors des révélations à propos des agissements de la NSA, pour payer des serveurs afin de diffuser ces informations. 

Par ailleurs, Bitcoin a été utilisé par l’ONG (organisation non gouvernementale) WikiLeaks, une organisation dont le but est de donner une audience aux lanceurs d’alerte et aux fuites d’informations, tout en conservant l’anonymat des sources. À partir des années 2010, notamment suite à la publication de documents confidentiels en rapport avec l’armée américaine, les différents moyens d’accepter des donations pour WikiLeaks ont été progressivement bloqués. L’ONG s’est donc tournée vers Bitcoin dès 2011 afin de pouvoir continuer à recevoir des dons de manière incensurable.

Conclusion

Bitcoin est bien plus qu’un simple « gadget spéculatif ». C’est un système de paiement pair-à-pair qui ne nécessite de faire confiance à aucun acteur central. Grâce à cela, Bitcoin dispose de certaines qualités intéressantes qui peuvent générer chez certains individus le besoin de l’utiliser : incensurabilité, insaisissabilité, confidentialité, rareté, frais bas, irréversibilité…

Évidemment, cette liste d'exemples de l’utilisation de Bitcoin est non exhaustive. Nous pouvons observer les cas d’utilisation de Bitcoin lorsqu’ils sont médiatisés, mais il en existe sûrement encore bien plus.

Cet article est le second chapitre de notre série de démystifications sur le thème de l’utilité de Bitcoin. Dans le premier chapitre, nous vous expliquons pourquoi l’affirmation « Bitcoin est inutile » émane d’un raisonnement fallacieux et n’est pas valable au sens de la logique. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les différentes théories de l’utilité et de la valeur d’un objet.

➤ Découvrir le premier chapitre de cette série.  


Ressources externes : 

Intervention A. Stachtchenko, BFM Business, https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/bfm-crypto-le-club/bitcoin-quelle-est-son-utilite-sociale_VN-202212140486.html 

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