Bitcoin n’est pas une catastrophe écologique

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Bitcoin n’est pas une catastrophe écologique

Bitcoin a souvent été critiqué pour son impact environnemental, en particulier en raison de sa consommation d'électricité. Ces accusations sont-elles justifiées ou s'agit-il de poncifs non étayés par des faits ? 

Dans cet article, nous allons examiner de manière approfondie les reproches faits au Bitcoin en termes d'impact écologique. Je commencerai par fournir quelques précisions techniques sur la preuve de travail qui est au cœur du fonctionnement de ce système. Nous nous intéresserons ensuite aux reproches qui lui sont faits sur son impact environnemental, en analysant les chiffres de consommation d'énergie, et en comparant ces données avec celles d'autres secteurs similaires. Vous découvrirez également que Bitcoin peut avoir des bénéfices écologiques, autant grâce au minage que grâce à l’utilisation de sa monnaie finie.

Ainsi, je souhaite faire une évaluation objective de l'impact écologique réel du Bitcoin en examinant les faits et les perspectives. Est-ce que le Bitcoin est réellement une catastrophe écologique, ou bien est-il une solution pour lutter contre le réchauffement climatique ? C'est ce que nous allons tenter de déterminer dans cet article.

Sommaire

  1. Quel est le rôle de la preuve de travail sur Bitcoin ?
    1. Critiques de la consommation électrique du Bitcoin : chiffres et perspectives
      1. Quelques précisions techniques sur Bitcoin
        1. Bitcoin : l’ultime utilisation des énergies fatales
          1. Les bénéfices écologiques du minage de Bitcoin
            1. La valorisation de la chaleur produite par le minage
              1. Les bienfaits écologiques d’une monnaie saine
                1. Conclusion

                  Quel est le rôle de la preuve de travail sur Bitcoin ?

                  Avant d’étudier la consommation électrique de Bitcoin et ses éventuels impacts, je souhaite vous rappeler pourquoi nous avons ce besoin sur Bitcoin, et pourquoi le mécanisme de la preuve de travail est absolument vital pour un système de paiement pair-à-pair.

                  Bitcoin est un système de cash électronique. L’objectif de son fonctionnement est de pouvoir se passer complètement des services d’un tiers de confiance pour nos échanges monétaires. Le système repose ainsi sur un réseau pair-à-pair. Puisqu’il n’existe pas d’autorité sur Bitcoin, pour éviter la double dépense, on utilise un serveur d’horodatage distribué. Cet outil permet de prouver la non-existence d’une transaction dans le passé. Il nous faut donc un moyen pour que tous les utilisateurs se mettent d’accord spontanément sur une unique version du registre.

                  ➤ En savoir plus sur le fonctionnement de la Blockchain.

                  Pour résoudre cette contrainte, on utilise le « Consensus de Nakamoto par preuve de travail ». Ce principe spécifie simplement que la chaîne de blocs disposant de la plus grande quantité de travail accumulé est considérée comme valide. Les nœuds s'entendent ainsi sur cette version unique de la blockchain. Au sein de ce principe de consensus, le mécanisme de la preuve de travail permet de protéger Bitcoin face aux différents types d’attaques Sybil.

                  Une attaque Sybil est une technique utilisée en informatique pour tenter de compromettre le fonctionnement d'un système. Elle consiste en la création d'identités fallacieuses dans le but de prendre le contrôle d'un système en s'y faisant passer pour un grand nombre d’entités légitimes. Cette technique peut être utilisée pour différents objectifs comme le spamming, la censure de contenu ou encore l'influence sur les décisions prises au sein d'un réseau distribué.

                  Ce mécanisme de consensus par preuve de travail est absolument vital pour Bitcoin. Au lieu de s'établir sur un système de vote classique, sensible aux différentes attaques Sybil, il permet à Bitcoin de s'établir sur un système de vote par puissance de calcul. Puisque ce calcul requiert une dépense énergétique, il existe un certain coût marginal pour multiplier ses votes.

                  ➤ En savoir plus sur le fonctionnement technique de la preuve de travail.

                  Ce travail de calcul par tâtonnement est effectué à l’aide d’ordinateurs que l’on nomme familièrement les « mineurs ». L'électricité est donc la ressource sollicitée par le système afin de disposer d'un coût marginal non négligeable pour la multiplication des votes. C’est une ressource tangible, universelle et surtout externe au réseau. 

                  Toutes ces caractéristiques propres à l’électricité permettent au Consensus de Nakamoto par preuve de travail de demeurer un système intrinsèquement ouvert. Il est ouvert puisque les entités prenant part au minage de Bitcoin, et ainsi gagnant les rémunérations associées, ne pourront jamais avoir le monopole de la production d’électricité. C’est une ressource naturellement présente dans l’univers. Cela signifie qu’aucune entité historique ne peut empêcher un nouvel acteur de prendre part au minage de Bitcoin, et ce, même si 100 % des entités déjà engagées souhaitaient cet empêchement. 

                  Au contraire, les principes de consensus établis sur la preuve d’enjeu (en anglais « Proof-of-Stake ») peuvent devenir fermés. En effet, puisque la ressource utilisée dans ce mécanisme est la même que la ressource donnée en récompense, des entités établies peuvent disposer d’un contrôle total du système. Une fois que c’est fait, le consensus devient fermé, et aucun acteur ne peut venir déloger les entités historiques. 

                  L’utilisation de la Proof-of-Work, dans le cadre d’un principe de consensus, rend le système plus résilient dans un environnement hostile. Entre autres, les attaques étatiques sont bien moins contraignantes sur les cryptomonnaies n’utilisant pas ce mécanisme. Il n’existe aucun garde-fou physique pour protéger ces systèmes.

                  La preuve de travail est irremplaçable puisqu’elle implique un coût marginal établi sur l’utilisation d’une ressource découverte, et non d’une ressource inventée. C’est même la seule ressource naturelle que l’on peut solliciter sur un système informatique afin de créer un coût marginal à la multiplication des votes.

                  Voilà pourquoi la Proof-of-Work et la consommation énergétique qui en découle ne sont pas des « faiblesses » de Bitcoin, mais bien des forces. Cet algorithme est indispensable pour implémenter un système de paiement durablement sécurisé, et réellement pair-à-pair.

                  Critiques de la consommation électrique du Bitcoin : chiffres et perspectives

                  Depuis quelques années, les reproches faits à l’encontre de Bitcoin sur son impact écologique se multiplient. Au cœur de celles-ci, il y a évidemment la critique de la consommation électrique liée au mécanisme de la preuve de travail.

                  L’estimation de cette consommation fait débat. À l’heure où j’écris cet article (Janvier 2023), le blog Digiconomist l’estime à 78 TWh par an, le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index l’estime à 94 TWh par an et l’étude de M. Khazzaka, qui date d’avril 2022, l’estime à 89 TWh par an. Puisque cet indicateur est dynamique et influencé par de nombreux facteurs externes, il est très compliqué d’en faire une estimation fixe. Je vous conseille néanmoins de lire l’étude de Michel Khazzaka sur ce sujet. Sa méthode de calcul est bien plus précise et rigoureuse que les autres.

                  Aussi étonnant que cela paraisse, la plupart des médias qui rédigent des articles à charge sur ce sujet de l’impact écologique de Bitcoin s’appuient sur une source unique et critiquable : les « études » du blog Digiconomist. Plus récemment, des députés européens se sont même servis de ces chiffres pour justifier la création de certaines lois. Si leur méthode de calcul de la consommation électrique peut être acceptable, ce blog avance d’autres chiffres bien plus critiquables. Notamment, on y découvre des estimations de production de CO₂ de Bitcoin, des comparaisons entre Bitcoin et le système de paiement traditionnel, ou encore des comparaisons avec l’impact écologique de certains pays.

                  Notons que la personne à l’origine de cette fameuse étude à charge contre Bitcoin n’est ni un expert reconnu du minage de Bitcoin, ni un spécialiste avéré de la chaîne de valeur de l’électricité. C’est un ancien employé de la Banque Centrale des Pays-Bas (De Nederlandsche Bank), une institution ouvertement anti-Bitcoin.

                  À partir de ces données, Digiconomist conclut en avançant qu’une simple transaction Bitcoin produirait autant de CO₂ qu’un million de transactions Visa. Cette comparaison est fallacieuse pour deux raisons. Tout d'abord, et comme je l’explique plus en détail dans la partie suivante, le coût par transaction n’est pas une donnée pertinente dans le cas de Bitcoin. En effet, il n’existe aucune proportionnalité entre la consommation électrique du système et le nombre de transactions effectuées. Ensuite, le coût de la transaction Visa ne considère qu’une toute petite partie des coûts totaux nécessaires pour réaliser un paiement dans le système traditionnel. Effectivement, comme nous pouvons le découvrir dans l’étude BITCOIN: EFFICIENCE ÉNERGÉTIQUE DES CRYPTOPAIEMENTS, lorsque que l’on considère tous ces coûts, on découvre que Bitcoin consomme jusqu’à 56 fois moins d'énergie que le système bancaire. Notons que cette donnée ne prend même pas en compte l’utilisation du Lightning Network, un système de paiements établi sur Bitcoin n’utilisant pas directement la preuve de travail.

                  Ces mêmes détracteurs aiment comparer la consommation de Bitcoin à celle de certains pays. On peut découvrir sur certains médias que Bitcoin consommerait actuellement autant d’électricité que le Chili ! Cette donnée brute, sans autre information et sans connaissance sur les mécanismes du minage, est évidemment choquante pour le grand public. Dans ce cas précis, il n’est pas pertinent de comparer la consommation d’un pays à celle de Bitcoin. Les deux ne répondent pas aux mêmes besoins, et ils n’utilisent pas non plus la même source d’électricité. Par ailleurs, si l’on souhaite continuer dans les comparaisons hasardeuses, je pourrais également vous indiquer que le système Bitcoin consomme moins d’électricité que la seule utilisation des sèche-linges aux États-Unis. L’utilité de Bitcoin semble pourtant être bien supérieure à celle des sèche-linges.

                  ➤ En savoir plus sur l’utilité et la valeur de Bitcoin.

                  La stratégie des personnes évoquant ces idées reçues est claire : elles souhaitent couper court à tout débat en avançant des chiffres qui dépassent les limites de l’admissible. Bien sûr, beaucoup d’éléments constituant ces reproches sont critiquables, fallacieux ou encore impertinents. Un bel exemple de cette stratégie est l’article du World Economic Forum publié en 2017, nous expliquant que Bitcoin aurait dû consommer plus d’énergie que le monde entier d’ici à 2020. Contre toute attente, les centaines de jets privés affrétés pour les rencontres annuelles du WEF 2023 ne paraissent pas avoir manqué d’énergie pour arriver jusqu’à Davos cette année.

                  Quelques précisions techniques sur Bitcoin

                  Un des problèmes majeurs des critiques formulées sur l’impact environnemental de Bitcoin est qu’elles s’appuient sur des indicateurs imprécis ou impertinents. Le plus connu est sûrement l’estimation de la consommation électrique par transaction. En effet, il n’existe aucune corrélation à court terme, et aucune proportionnalité à long terme, entre le nombre de transactions effectuées sur Bitcoin et sa consommation électrique. Le principe de consensus établi sur la preuve de travail ne permet pas de valider des transactions, mais il permet de sécuriser un historique économique

                  En somme, comme l’explique LaurentMT dans son article Gravity, la preuve de travail est globale et cumulative. Lorsqu’un nouveau bloc est miné, la sécurité apportée par la preuve de travail s’applique simultanément et uniformément à tous les UTXO existants. Chaque UTXO accumule une certaine grandeur de sécurité de Proof-of-Work à chaque bloc miné. L’analogie évoquée dans cet article est que la preuve de travail agit comme un corps dont la masse augmente dans un champ gravitationnel, puisqu’elle a une influence simultanée et homogène sur tous les autres corps dans son champ. 

                  Pour le dire plus simplement, la preuve de travail n’agit pas uniquement sur les transactions à un instant présent, mais elle vient progressivement enterrer toutes les transactions passées, proportionnellement à l’accumulation de puissance de calcul déployée. Il est donc impertinent de calculer un coût électrique par transaction.

                  ➤ Découvrir ce qu’est un « UTXO ».

                  Par ailleurs, il est important de comprendre la différence sur Bitcoin entre un paiement et une transaction. Une même transaction peut accueillir de nombreux paiements, comme elle peut n’en accueillir aucun. Une seule transaction on-chain peut également impliquer des milliers de paiements off-chain avec le Lightning Network par exemple. Il est impossible d’estimer le nombre de paiements réalisés en observant uniquement la blockchain. Il est donc absolument impertinent de comparer l’impact d’une transaction Bitcoin avec l’impact d’un paiement dans le système classique (Visa, Mastercard…).

                  Il est alors fallacieux de dire que la consommation énergétique de Bitcoin est proportionnelle au nombre de transactions effectuées. Ce type d’affirmation témoigne que la personne qui l’a faite ne comprend pas même les mécanismes primaires de Bitcoin.

                  ➤ En savoir plus sur le fonctionnement d’une transaction Bitcoin.

                  Ensuite, il est techniquement impossible de réaliser un calcul exact de l’empreinte carbone de Bitcoin. L’estimation de la consommation électrique est déjà incroyablement nuancée et dynamique, comme en témoigne la complexité de l’étude de M. Khazzaka sur ce sujet. À partir des estimations de Digiconomist, certains font une nouvelle estimation sur l’empreinte carbone liée à cette consommation d’énergie. Il est impertinent d’utiliser ces chiffres puisqu’ils sont des estimations réalisées depuis d’autres estimations, pour lesquelles les méthodes de calcul sont critiquables sur de nombreux points.

                  Nous pouvons tout de même nous appuyer sur l’estimation du taux d’utilisation d’énergies renouvelables par les mineurs. Selon le Bitcoin Mining Council (BMC), 59,4 % de l’électricité consommée par le minage au Q3 2022 provient de sources durables. Ce qui fait de l’industrie du mining une des plus avancées au monde dans sa transition écologique. Dans cette même étude du BMC, on apprend que le minage est de plus en plus efficient. En 2021, la moyenne de hachages produits par gigawatt était de 17,7 EH. En 2022, l’efficience observée est passée à 21,7 EH par gigawatt consommé (EH = ExaHash = 10^18 hachages = 1 milliard de milliards de hachages).

                  Cela signifie que le minage de Bitcoin utilise de plus en plus d’énergie verte, et que c’est une des industries les plus admirables dans ce domaine. On apprend également que d’années en années, chaque unité d’électricité consommée permet de produire bien plus de puissance de calcul.

                  Bitcoin : l’ultime utilisation des énergies fatales

                  Évidemment, les chiffres du BMC évoqués précédemment peuvent être biaisés, car ils proviennent des acteurs du minage eux-mêmes. Mais ce qui est sûr, c’est que le fonctionnement de la preuve de travail incite naturellement les mineurs de bitcoins à utiliser des énergies vertes. 

                  Par définition, les revenus du mineur sont difficilement maîtrisables. Ils proviennent majoritairement des récompenses coinbase et des frais de transactions. Surtout, ils varient en fonction de nombreux facteurs non prévisibles. En tant qu’acteur rationnel au sein d’un marché concurrentiel, le mineur doit pourtant optimiser sa rentabilité, sinon il risque la faillite. Puisqu’il ne peut pas agir sur les revenus, il va spontanément chercher à réduire ses charges. Le plus gros poste de charge pour le mineur est assurément le coût de l’électricité. Pour rester en vie, le mineur doit donc chercher des sources d’énergie peu chères. 

                  Par rapport à d’autres acteurs industriels, il a la chance de pouvoir déplacer son site de production à peu près n’importe où. Un mineur doit simplement disposer d’une source d’électricité et d’une connexion internet. Aujourd'hui, avec les solutions d’accès au réseau par satellite, le mineur n’a quasiment plus aucune contrainte géographique.

                  Par ailleurs, il y a de plus en plus de sites de production d’ENR (énergies renouvelables) à travers le monde. Toutes ces infrastructures hydroélectriques, éoliennes ou encore solaires ont pour spécificités de ne pas être pilotables et d’être intermittentes. C'est-à-dire que, contrairement aux transformations fossiles, leur production d’électricité ne peut pas s’adapter aux variations de la demande. Ces sites se retrouvent ainsi avec des excédents de production que personne ne veut. Or, l’électricité est difficilement stockable, notamment sur les gros volumes. Elle subit également de fortes pertes lors de longs déplacements. Tous ces excédents électriques, liés aux modes de production durables, sont donc souvent gaspillés. C’est ce que l’on appelle des énergies « fatales », à savoir des énergies que l’on considère perdues si l'on ne les utilise pas au moment où elles sont disponibles.

                  On a alors d’un côté des industriels sans contrainte géographique qui ont un besoin vital d’énergie peu chère. Et de l’autre, on a des producteurs d’ENR qui disposent de beaucoup d’excédents électriques non valorisables. Bingo ! Ces deux activités sont parfaitement complémentaires. 

                  C’est pour cela que le taux de mineurs utilisant des sources durables est beaucoup plus élevé que dans n’importe quelle autre industrie. Les mineurs sont naturellement incités à aller chercher cette électricité verte. Ceux qui le font optimisent leur rentabilité et peuvent gagner des parts de marché. Les autres, encore branchés sur des énergies fossiles, vont progressivement faire faillite, grâce à un processus naturel du marché.

                  Les bénéfices écologiques du minage de Bitcoin

                  Dans la partie précédente, nous avons vu pourquoi les mineurs sont naturellement incités à chercher des sources d’électricité verte. Ce principe fonctionne également dans l’autre sens. Les producteurs d’ENR sont spontanément incités à prendre part au mécanisme de la Proof-of-Work. Cela leur permet de rentabiliser tous ces excédents auparavant perdus. Le minage de Bitcoin permet donc d’inciter à la construction de nouveaux sites d’ENR. Il leur donne même un avantage concurrentiel face aux producteurs d’énergies fossiles. 

                  Finalement, le mining est le maillon de la chaîne de valeur de l’électricité qu’il nous manquait. Non seulement ce n'est pas une catastrophe environnementale, mais il pourrait bien être le moteur de la transition écologique mondiale. Il permet pour la première fois d’aligner les intérêts économiques sur les objectifs de production durable, et ce, de façon spontanée, sans aucune intervention étatique.

                  Dans une chaîne de valeur électrique non pilotable et sans minage, la différence entre l’offre et la demande est subie soit par le client, soit par le producteur. Lorsque l’offre est plus haute que la demande, le producteur gaspille l’électricité produite et perd de l’argent. À l’inverse, lorsque c’est la demande qui est plus élevée, la population subit des délestages électriques. Le minage permet d'annihiler ce risque de différence entre l’offre et la demande. Avec une chaîne de valeur l’incluant, quand l’offre est plus haute que la demande, les mineurs valorisent l’excédent de production. Le parc peut ainsi maintenir un niveau de production élevé, sans pour autant rogner sur sa rentabilité économique. Quand la demande de la population augmente, le producteur peut débrancher les mineurs afin de pouvoir assurer la distribution nécessaire. Le producteur préfèrera naturellement fournir l’électricité en priorité à la population puisqu’elle est en capacité de payer un prix plus élevé que le mineur. 

                  Par ailleurs, le minage peut également être utilisé pour rentabiliser un site de production dans des zones reculées du monde, où la demande n’est pas forcément suffisante, mais où des populations en ont le besoin. Il peut aussi être utilisé pour rentabiliser une centrale de production électrique en attendant le déploiement de toute l’infrastructure de distribution. Ces derniers exemples ne sont pas directement en lien avec l’écologie. Toutefois, vous conviendrez que le minage de Bitcoin peut aussi avoir des bénéfices sociétaux, notamment pour des populations pauvres et reculées.

                  Un autre exemple de l’utilité écologique du minage de Bitcoin est la valorisation des gaz naturels présents dans le pétrole brut, auparavant destinés au torchage. Le pétrole brut contient naturellement du gaz en solution, également nommé « gaz associé », qui se sépare du pétrole lors du processus d’extraction. Dans la majorité des cas, faute de demande commerciale, ce gaz est directement brûlé sans aucune utilisation de son énergie. Ce gaspillage est dû à différents facteurs en fonction des sites d’extractions. Certains sont trop éloignés des consommateurs, d’autres se situent sur un territoire où les infrastructures gazières sont rares, ou encore, certains se trouvent dans des régions où le marché du gaz est déjà saturé. Dans tous les cas, il est souvent impossible de rentabiliser la transformation et la distribution de ce gaz pour les producteurs de pétrole.

                  Puisque le gaz associé est majoritairement constitué de méthane, il est interdit de le rejeter directement dans l’atmosphère. Il est donc demandé aux extracteurs de pétrole de brûler intentionnellement ce gaz. En effet, un kilogramme de méthane (CH4) rejeté réchauffe 25 fois plus la planète qu’un kilogramme de dioxyde de carbone (CO2). Cette pratique de combustion du gaz est appelée le « torchage » (« flairing » en anglais). En 2021, la quantité de gaz torché est estimée par la Banque Mondiale à 144 milliards de mètres cubes.

                  Non seulement l’énergie de ce gaz est gaspillée, mais c’est également une forte source de pollution. En effet, sa combustion est forcément imparfaite et des quantités substantielles de méthane sont rejetées dans l’atmosphère chaque année. En 2021, il est estimé que le gaz associé a été à l’origine de 39 millions de tonnes de méthane rejetées.

                  Pour résoudre ces problèmes de gaspillage énergétique et de pollution, nous aurions besoin d’une industrie nomade, capable de valoriser des énergies fatales directement sur leur lieu de production. Cette industrie, vous la connaissez : c’est le minage de Bitcoin. 

                  Grâce à des générateurs, il est possible d’utiliser l’énergie contenue dans le gaz associé pour produire de l’électricité. Par rapport à la simple combustion de ces gaz, le générateur permet d’éviter les rejets accidentels de méthane dans l’air, réduisant ainsi la pollution liée à leur traitement. L’électricité produite peut être utilisée pour miner du Bitcoin.

                  Le minage est actuellement la seule solution pour aligner les intérêts économiques des producteurs de pétrole, et les intérêts écologiques. Il permet simultanément de valoriser une énergie fatale, auparavant gaspillée, et de réduire fortement la pollution au méthane liée à cette industrie.

                  En bref, le minage de Bitcoin aide à traiter des problèmes environnementaux connus depuis des dizaines d’années, mais que nos dirigeants n’ont jamais su résoudre.

                  La valorisation de la chaleur produite par le minage

                  La première loi de la thermodynamique stipule que l'énergie totale d'un système fermé est constante. Autrement dit, il est impossible de créer ou de détruire de l'énergie. On ne peut que la transformer d'une forme à une autre. 

                  La deuxième loi de la thermodynamique stipule que l'entropie d'un système tend à augmenter au cours du temps. C’est-à-dire que l'énergie disponible dans un système tend à se dissiper et à se répartir de manière plus homogène, finalement en se transformant en chaleur.

                  Le mécanisme de la Proof-of-Work implique l’utilisation d’ordinateurs afin de réaliser des calculs. Les mineurs utilisent ainsi de l'énergie sous forme électrique dans l’objectif de gagner des bitcoins en produisant de la preuve de travail. Or, le réseau Bitcoin ne fait transiter que de l’information. Selon la première loi de la thermodynamique, l’énergie extraite de l’électricité utilisée par le mineur n’a pas pu disparaître. Elle est encore sur place sous d’autres formes. 

                  En effet, la grande majorité de cette énergie se dissipe en chaleur en raison de l’effet Joule dans les composants électroniques de l’ordinateur. Ensuite, une infime partie de l’énergie électrique se transforme en force mécanique pour le ventilateur, et éventuellement en énergie lumineuse s’il y a de petites diodes sur la machine. Toute cette énergie marginale terminera également transformée en chaleur.

                  Il n’existe donc aucune déperdition d’énergie dans le processus de minage. Les mineurs consomment de l’énergie électrique pour produire de la chaleur, exactement de la même manière qu’un radiateur. Cela veut dire que, par exemple, si l’on souhaite chauffer une salle à 20° C, un radiateur consommerait autant d’énergie électrique qu’un ASIC pour porter la température à ce niveau. Pendant ce temps, l’ASIC a également permis de produire de la puissance de calcul pour Bitcoin.

                  ASIC est l’acronyme en anglais de « Application-Specific Integrated Circuit », pouvant être traduit « circuit intégré propre à une application spécifique ». Un ASIC est un microprocesseur conçu pour remplir une seule fonction précise. Dans le cas de Bitcoin, ces puces sont optimisées pour exécuter la fonction de hachage SHA256 utilisée dans le processus du minage. Par extension, ce que l’on appelle « un ASIC » désigne la machine informatique qui contient ces puces. 

                  Il existe alors de nombreuses solutions pour valoriser cette chaleur produite par les mineurs de Bitcoin. Elles permettent de jouir de la chaleur produite tout en gagnant des bitcoins grâce aux récompenses de minage.

                  Par exemple, beaucoup de bitcoiners qui minent chez eux utilisent leur ASIC comme chauffage d’appoint en hiver afin de financer une partie de leur facture d’électricité. Nous pouvons également citer la startup française Hestiia qui produit des chaudières alimentées par des mineurs. Ce type d’optimisation fonctionne au niveau individuel, mais il existe aussi des applications concrètes pour des entités plus importantes. Par exemple, la ville de North Vancouver au Canada réutilise la chaleur produite par des mineurs pour chauffer une centaine de bâtiments publics, résidentiels et commerciaux.

                  La valorisation des dissipations de chaleur du minage est évidemment très bénéfique pour l’environnement puisqu’elle permet une nouvelle fois d’aligner les intérêts économiques de tous les acteurs rationnels du marché sur les intérêts écologiques. En effet, si une entité se chauffe au fioul, au gaz ou encore au charbon, la mise en place d’un système à partir du minage lui permettrait d’utiliser de l’électricité à la place. L’utilisation d’énergie électrique, en fonction de son mode de production, rejette moins de CO₂. Ainsi, les individus sont économiquement incités à faire ce changement puisqu’il leur garantit une nouvelle forme de revenus.

                  Les bienfaits écologiques d’une monnaie saine

                  Dans cet article, nous nous sommes attardés principalement sur les impacts du minage de Bitcoin parce qu'il est cœur de toutes les critiques. Toutefois, si nous prenons un peu de hauteur, nous pouvons également réfléchir aux impacts environnementaux de l’utilisation d’une monnaie dure comme le bitcoin dans notre société.

                  L’émission monétaire du bitcoin est dégressive, déterminée à l’avance et limitée au total à 21 millions d’unités. Si le bitcoin est utilisé comme monnaie, sa limitation de la masse monétaire permettrait la mise en place d’un système économique déflationniste. Puisque l’offre monétaire ne bougerait pas, les prix des biens et services diminueraient lentement. Chaque unité de monnaie gagnerait ainsi en pouvoir d’achat au fil du temps. Cela inciterait naturellement chaque acteur rationnel à prioriser l’épargne sur la consommation. Ce type de système mettrait fin à la surconsommation qui est en grande partie responsable de la crise climatique actuelle. 

                  La déflation est même le seul mécanisme qui permet de toucher l’intégralité des agents économiques, en favorisant l’épargne à la consommation, sans pour autant leur imposer une réduction de leurs libertés individuelles.

                  ➤ En savoir plus sur les qualités du bitcoin comme monnaie.

                  Au-delà de cet atout de monnaie dure, le bitcoin est également une monnaie qui ne peut pas être capturée et gérée par l’État. Son adoption pourrait soutenir l’apparition de grandes inventions et découvertes pour l’humanité, et donc potentiellement, d’innovations qui viendraient résoudre nos problématiques liées au climat.

                  Pour comprendre cela, il est important de connaître la théorie de la destruction créatrice de Joseph Schumpeter. Cette théorie met l'accent sur l'importance de l'innovation et de l'entrepreneuriat pour la croissance économique. Selon Schumpeter, l'innovation est le moteur de l’économie puisqu’elle permet aux entrepreneurs de détruire les anciens modèles économiques en introduisant de nouveaux processus. Cette destruction crée une dynamique de changement qui stimule la croissance économique en éliminant les entreprises inefficaces et en créant de nouvelles opportunités. 

                  Autrement dit, Schumpeter considère l'innovation comme un processus dynamique par lequel les entrepreneurs réalisent des gains de productivité en introduisant des innovations qui perturbent l'équilibre économique existant. Mais, aujourd’hui, l’innovation est bridée puisque l’État empêche toute destruction. Dès qu’une entreprise ou qu’un secteur se porte mal, il arrive pour renflouer les caisses. Avec le système démocratique de mandats de cinq ans, le politique n’a qu’une vision de court terme. Il préfèrera donc toujours choisir la facilité afin de garantir sa cote de popularité à courte échéance.

                  Évidemment, ces « sauvetages » ont de graves conséquences économiques et sociales, mais ils ont également des répercussions sur la transition écologique. Puisqu’ils empêchent les entreprises zombies de mourir, ils empêchent aussi les innovateurs d’émerger spontanément par le principe de la destruction créatrice. Il est alors possible que nous passions actuellement à côté d’innovations disruptives, nous permettant, par exemple, de sortir par le haut de cette crise climatique, simplement à cause de la mauvaise gestion de notre monnaie. Le bitcoin pourrait aussi résoudre cela, puisque la séparation de la monnaie et de l’État limite le budget de celui-ci à l’impôt qu’il récolte et éventuellement à la dette privée qu’il obtient. Il ne pourrait plus emprunter frénétiquement à la BCE (Banque centrale européenne), créant au passage de l’inflation, afin d’étendre son budget indéfiniment. L’État devrait ainsi rationaliser ses dépenses, et ne pourrait plus empêcher la destruction, aboutissant in fine à l’innovation.

                  Conclusion

                  La source des critiques sur l’impact environnemental de Bitcoin est sa consommation électrique issue de la preuve de travail. Pourtant, elle est absolument nécessaire pour le bon fonctionnement du système pair-à-pair. Elle permet d’établir un coût marginal non négligeable à la multiplication des votes, afin d’éviter les attaques de type Sybil.

                  Puisque ce coût marginal se paie à partir d’une ressource naturelle et universelle, le principe de consensus de Nakamoto qui en découle est intrinsèquement ouvert, contrairement aux consensus établis sur la preuve d’enjeu comme Ethereum.

                  Il est important d’être critique face aux chiffres avancés sur l’impact de Bitcoin par certains médias. Les études sous-jacentes sont souvent biaisées et de piètre qualité. Les données qui en sont tirées sont généralement des extrapolations excessivement mises en évidence par les médias et les politiques pour faire du buzz.

                  En réalité, le minage est à la fois un bon élève de l'écologie et un maillon essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le fonctionnement de la preuve de travail incite naturellement les mineurs à aller chercher de l’énergie verte, habituellement gaspillée. Cela fait du minage l’industrie la plus avancée au monde dans sa transition énergétique. 

                  Puisqu’il permet la valorisation de certaines énergies fatales, il favorise l’implémentation et la rentabilisation des sites de production d’énergies renouvelables. Par ailleurs, son utilisation sur les sites d’extraction de pétrole réduirait fortement la pollution liée aux rejets de méthane, tout en valorisant ces gaz associés, auparavant mal brûlés par les torchères.

                  Il existe également tout un travail à réaliser sur la valorisation de la chaleur produite par le minage. Certaines applications de ce principe commencent à voir le jour, autant pour les individus que pour des entités plus importantes.

                  Enfin, au-delà du minage, la mise en place d’un standard monétaire Bitcoin mettrait fin à la surconsommation. Il assurerait également le processus naturel de destruction créatrice dans l’économie, nous permettant d’aboutir sur plus d’innovations disruptives pour l’écologie.

                  Non, Bitcoin n’est pas une catastrophe pour l’environnement. Au contraire, il pourrait bien être le moteur de la transition écologique.


                  Ressources externes : 

                  https://medium.com/@laurentmt/electric-money-e2cd34f78f56 
                  https://medium.com/@laurentmt/gravity-10e1a25d2ab2 
                  https://www.valuechain.pro/fr/post/bitcoin-efficience-%C3%A9nerg%C3%A9tique-des-cryptopaiements 

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