Ethereum vs. Bitcoin : quelles sont les différences ?

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Ethereum vs. Bitcoin : quelles sont les différences ?

Dans l’écosystème actuel des cryptomonnaies, Bitcoin et Ethereum sont souvent désignés comme les deux piliers incontournables. Pourtant, derrière cette apparente similitude se cachent des philosophies, des technologies, des utilisateurs et des usages profondément différents. Bien que souvent comparés, Bitcoin et Ethereum répondent en réalité à des besoins distincts. Dans cet article, je vous propose d'explorer ces différences, afin de comprendre pourquoi le bitcoin se distingue de l’ether comme monnaie et véhicule d’épargne.

Une origine et une philosophie différentes

Le concept d'Ethereum est né de l'esprit de Vitalik Buterin, un russo-canadien fervent partisan de Bitcoin, qui a aussi cofondé le célèbre média Bitcoin Magazine. Selon ses propres aveux, l'épisode qui lui a révélé la nécessité de systèmes décentralisés remonte à 2010. À cette époque, Blizzard, la société éditrice du jeu World of Warcraft, a choisi de supprimer un élément clé de son personnage de sorcier favori. À ce sujet, il déclara :

Je me suis endormi en pleurant et ce jour-là, j'ai réalisé quelles horreurs les services centralisés pouvaient apporter.

Au cours de l’année 2012, il lui vient l’idée d’Ethereum. Bien que captivé par le potentiel de Bitcoin, il s'inquiétait de deux choses : la limitation des fonctionnalités de ce système et la prolifération de projets annexes qui souhaitaient en alourdir l'infrastructure. Il envisage alors de concevoir un tout nouveau système qui, tout en s'inspirant des fondamentaux du protocole Bitcoin, étendrait ses capacités grâce à une machine virtuelle presque Turing-complet. Cette innovation, pensait-il, permettrait d'élargir considérablement les champs d'application de la Blockchain.

Début 2014, Vitalik lance la prévente d'éthers, la cryptomonnaie destinée à alimenter son système, dans le but de financer le développement d'Ethereum. Cette levée de fonds lui permet de récolter 31 591 bitcoins, ce qui correspondait à environ 18 millions de dollars à ce moment-là. Le système Ethereum finira par voir le jour le 30 juillet 2015, avec la publication de son bloc de Genèse.

Le lancement d'Ethereum illustre bien la divergence fondamentale entre Bitcoin et les altcoins. Il est important de comprendre que l'ensemble des bitcoins en circulation a été obtenu par le biais du minage, conformément à un ensemble de règles préétablies depuis le déploiement initial du protocole. Chaque unité de bitcoin a donc nécessité une dépense d’énergie. En revanche, dans le cas d'Ethereum, près de la moitié des unités actuellement en circulation ont été émises lors d'une levée de fonds, avant même le lancement du réseau. De plus, près de 10 % des ethers ont été pré-minés en faveur de la Fondation Ethereum et de certains contributeurs de la première heure. Ainsi, tandis que Bitcoin peut se prévaloir d'une Genèse juste et équitable dans la distribution de sa monnaie, Ethereum s'apparente davantage à un lancement de Startup.

Sur le plan philosophique, ils sont également très différents. Bitcoin est le produit d'une réflexion engagée par les cypherpunks, visant à doter internet d'une monnaie électronique semblable à l’argent physique, c’est-à-dire à la fois confidentielle et résistante à la censure. Ce projet s'inscrit dans une démarche de tâtonnements qui prend ses racines au début des années 1980.

Ethereum, en revanche, semble avoir germé dans l'esprit de Vitalik Buterin suite à une frustration liée au jeu World of Warcraft. Son ambition première n'était pas tant de révolutionner la monnaie que de généraliser l'application de la technologie blockchain à une multitude de domaines, sans pour autant répondre à un besoin avéré.

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Ethereum vs. Bitcoin : des technologies différentes

Au-delà de leurs origines, Ethereum et Bitcoin divergent dans leur fonctionnement, à tel point qu'avec le temps, ces deux systèmes se ressemblent de moins en moins.

Tout d’abord, Bitcoin repose sur un algorithme de consensus établi sur la preuve de travail. Depuis la transition vers Ethereum 2.0 en 2022, ce système repose dorénavant sur la preuve d’enjeu. Bien que moins énergivore, cette régression de l’invention de Vitalik suscite évidemment des inquiétudes quant à la centralisation des ressources et la résistance du système dans un environnement adversatif. Je vous en ai déjà parlé dans cet autre article : Bitcoin n’est pas une catastrophe écologique.

Là où les deux systèmes se rejoignent, c’est dans leur utilisation commune d’une blockchain. Mais même sur ce point, ils présentent des différences notables. La blockchain Bitcoin tend vers la production d’un bloc toutes les dix minutes. Si cet intervalle constitue une limite en termes de rapidité de confirmation des transactions et de capacité transactionnelle, il renforce néanmoins la sécurité de Bitcoin. En prenant en compte la latence inhérente à tout réseau, une réduction de cet intervalle entraînerait une multiplication des embranchements naturels de la blockchain. Or, davantage d'embranchements signifierait également que plus de mineurs travailleraient sur des blocs destinés à devenir obsolètes, ce qui constituerait un gaspillage de la preuve de travail et entraînerait une diminution significative de la sécurité globale. En comparaison, l'intervalle sur Ethereum est bien plus court, puisqu’il tend vers 12 secondes.

Bien que les avancées récentes sur BitVM aient mis en évidence une certaine flexibilité dans l'architecture de Bitcoin, le langage Script de ce dernier reste relativement limité. À l'opposé, la machine virtuelle d'Ethereum est quasi Turing-complète, ce qui veut dire qu’elle permet l'utilisation de boucles et de récursions. Cette flexibilité dans la programmabilité d'Ethereum engendre toutefois une charge opérationnelle plus importante pour les nœuds du réseau, contraints d'exécuter des vérifications et des validations plus complexes.

Enfin, les deux systèmes n’ont pas la même gestion des transactions. Sur Bitcoin, on utilise un modèle d’UTXOs (Unspent Transaction Outputs) pour représenter les unités de comptes. Chaque nouvelle transaction fait ainsi référence à une sortie de transaction précédente. Ethereum repose lui sur un système de comptes, qui est plus intuitif et adapté aux contrats intelligents. En revanche, ce modèle procure un moins bon niveau de confidentialité, ajoute de la charge opérationnelle sur les nœuds et ne permet pas un traitement parallèle des transactions.

Utilisations et cas d’usage

Dès sa naissance, Bitcoin a été conceptualisé comme une nouvelle forme de monnaie correspondant à la vision des cypherpunks. L'ensemble des modifications apportées au protocole depuis s'inscrivent dans la lignée de ses propriétés originelles qui le caractérisent : incensurabilité, confidentialité, résistance à l'inflation, souveraineté de l'utilisateur et distribution du système. En s’affranchissant des institutions financières et des limites imposées par les monnaies étatiques, Bitcoin s'impose graduellement comme une monnaie mondiale. Ce rôle a été confirmé et consolidé par plus d'une décennie d'existence et d'adoption croissante.

L’usage du bitcoin comme monnaie s'inscrit finalement dans une logique presque instinctive. En tant qu'individu au sein d'une société, je dois choisir une monnaie pour cristalliser la valeur de mon travail et jouir ultérieurement de cette valeur accumulée. Tout individu rationnel optera inévitablement pour une monnaie rare, apte à préserver durablement son pouvoir d'achat, plutôt que pour une monnaie en perpétuelle dépréciation.

De son côté, Ethereum est né avec des objectifs différents. Plutôt qu'un simple système de cash électronique, Ethereum se veut être une plateforme pour les contrats intelligents et les applications décentralisées. Ses créateurs l'ont ainsi qualifié d'« ordinateur mondial ». Cette polyvalence entraîne forcément des complexités et des problèmes en termes de sécurité et de passage à l’échelle que Bitcoin évite dans sa simplicité. Par ailleurs, l'ether se positionne davantage comme un instrument au service de l'écosystème Ethereum que comme une monnaie à part entière. Contrairement au bitcoin, dont l'offre est strictement limitée à 21 millions d’unités, l'ether ne bénéficie d'aucune restriction en matière d’impression monétaire.

C'est précisément pour ces raisons que le bitcoin est un meilleur outil d’épargne. La robustesse et la prévisibilité de Bitcoin, son système distribué et ses caractéristiques monétaires font de lui un candidat idéal pour stocker de la valeur durablement. Contrairement à Ethereum, dont les usages toujours plus nombreux diluent son efficacité comme monnaie, Bitcoin se concentre sur une seule tâche et l'exécute avec efficacité.

Deux stratégies de développement différentes

La stratégie de développement de Bitcoin se caractérise par sa prudence et son conservatisme. Cette évolution lente permet à Bitcoin de maintenir un haut niveau de sécurité et de stabilité, essentiels pour un actif qui aspire à devenir une monnaie. La lenteur naturelle du processus d’évolution est donc en réalité une force, puisqu'elle garantit que les changements majeurs subissent un examen approfondi et obtiennent un consensus large au sein de la communauté. Pour aborder le passage à l’échelle et les applications non monétaires, l'innovation se fait généralement sur des couches supérieures, telles que le Lightning Network, afin de limiter les modifications de la chaîne principale.

À l'inverse, le développement d'Ethereum est bien plus audacieux, avec une volonté d'intégrer rapidement des modifications. Si cette rapidité a le mérite de stimuler l'innovation, elle entraîne également son lot d'instabilité et de risques, directement sur la chaîne principale.

De plus, le développement sur Bitcoin est naturellement décentralisé. Bien que les changements protocolaires gravitent souvent autour de l'implémentation majoritaire Bitcoin Core, ils proviennent d’une multitude de contributeurs différents. De plus, l’inventeur de Bitcoin, Satoshi Nakamoto, demeure encore anonyme. Son retrait du développement de Bitcoin en 2011 renforce davantage la nature décentralisée et pair-à-pair du système.

À l'opposé, le développement d'Ethereum se concentre majoritairement autour de l'Ethereum Fondation et de figures clés comme Vitalik Buterin. Encore une fois, ce mode de fonctionnement se rapproche davantage de celui d'une startup que d'un véritable système pair-à-pair. L'absence de roadmap pour Bitcoin est une preuve supplémentaire de sa nature décentralisée, en contraste avec l'approche plus dirigiste d'Ethereum.

Cette concentration du pouvoir décisionnel s'explique aussi par le faible nombre d'utilisateurs d'Ethereum qui font tourner leurs propres nœuds complets. Dans le cas de Bitcoin, il est relativement simple pour un utilisateur d'utiliser son propre nœud. Cette capacité favorise un modèle de gouvernance plus distribué, où les changements du protocole doivent obtenir un large consensus avant d'être adoptés.

En revanche, la complexité et les exigences en ressources pour faire tourner un nœud Ethereum sont considérablement plus élevées, notamment en raison de la taille croissante de la blockchain et des contrats intelligents. Concrètement, cela signifie que peu d'utilisateurs font tourner leurs propres nœuds Ethereum. Par conséquent, les changements protocolaires sont généralement imposés par une poignée d'entités, sans véritable input de la communauté.

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Conclusion

Qu'il s'agisse de leur origine, de leur fonctionnement ou encore de leur développement, Bitcoin et Ethereum incarnent deux univers radicalement différents. Même s’ils partagent l’utilisation d’une blockchain, et parfois quelques narratives, leur finalité est complètement opposée.

Tandis qu'Ethereum se veut être une plateforme semi-décentralisée pour les contrats intelligents, Bitcoin se concentre uniquement sur son rôle de système de cash électronique pair-à-pair. Sa robustesse, sa prévisibilité et ses caractéristiques monétaires en font une option privilégiée pour l'épargne et les transactions du quotidien.

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